Identité du Parc : préservation et amélioration de la qualité de vie
Préambule
Cette contribution est le produit de réflexions alimentées par l’administrateur du forum de l’éveil du Livradois-Forez et Antoine de BOISMENU. Nous espérons qu’ils s’y reconnaîtront.
A l’heure où les membres du forum de l’éveil du Livradois élaborent un premier jet « compilé » des différents échanges et des idées intéressantes qu’il serait possible de reprendre, un fait apparaît comme central : le manque d’unité.
Eléments de diagnostic
Ce manque d’unité est assez frappant en ce qui concerne l’action et la visibilité du Parc. Il découle peut être d’un manque d’unité territoriale ou d’identité propre de l’institution.
D’où, peut-être, une image brouillée d’éparpillement, d’incommunication, d’inutilité, qui peut faire dire : à quoi ça sert le Parc ? A quoi bon tout ça ? Tout est déjà écrit.
La Charte actuelle comporte 3 objectifs principaux louables mais rien ne semble les fédérer. La seule unité définissant le parc semble matérielle : un périmètre géographique délimité par l’adhésion de collectivités territoriales.
De là vient aussi peut-être un sentiment de « déconnexion ». On évolue dans ce territoire sans pour autant se sentir y appartenir. On s’identifie autrement, sans référence au Parc, car ce territoire étendu est extrêmement diversifié.
En outre, aujourd’hui, les questions environnementales et de développement durable posent des problèmes transversaux et demandent des approches globales. Il convient de rechercher de nouvelles finalités.
Où résident l’identité et la cohérence de ce territoire ?
Eléments de proposition
Nous pourrions saisir l’occasion de la Charte pour chercher à fonder un contrat social local qui remette l’homme au centre de la réflexion.
Il faut à ce contrat une finalité consensuelle susceptible de guider l’action et d’emporter l’adhésion collective : la préservation et l’amélioration de la qualité de vie.
La proposition pourra paraître insatisfaisante et fourre-tout mais c’est dans ce qu’elle permet d’appréhender et de développer que son sens apparaîtra mieux.
Identifier le parc comme le lieu de la préservation et de l’amélioration de la qualité de vie.
La traduction de cette identification pour le Parc comme institution serait en conséquence de développer et de jauger son action à l’aune de la préservation et de l’amélioration de la qualité de vie.
La qualité de vie
Elle est déjà là et nous entoure à ce point que souvent on l’oublie. Elle est une aspiration qui peut être partagée par tous, que l’on soit natif ou néo-rural. C’est surtout dans une opposition au mode de vie de la grande agglomération qu’elle se révèle.
En cela, elle peut constituer le dénominateur commun, pour les habitants du Parc.
La qualité de vie repose sur un aménagement du territoire qui contraste avec le développement urbain de la grande agglomération : villes à dimension humaine, habitat dispersé, zones agricoles et « naturelles » qui donnent le sentiment d’évoluer dans un paysage équilibré et harmonieux, où l’homme retrouve sa mesure.
Pas de chape de pollution au-dessus de nos têtes, les berges des cours d’eau ne sont pas nécessairement « bétonnées », pas de bâtiments surdimensionnés ; pas de bétonnage extrême..
La qualité de vie se manifeste encore par un patrimoine naturel qui n’a qu’une place confinée dans la grande ville. Sur le territoire du Parc l’homme peut évoluer dans des milieux naturels qui préservent encore la biodiversité (faune, flore…).
La qualité de vie s’exprime aussi au travers de rapports sociaux qui favorisent le sentiment d’appartenance à un groupe ou un « pays ». C’est encore dans l’opposition à la grande agglomération anonyme qu’on en apprécie la valeur. Les solidarités se développent sur le territoire et y sont souvent cultivées. C’est ce qui peut expliquer le maintien de traditions sociales, industrielles, agricoles… et l’attrait des nouveaux arrivants en recherche d’un autre mode de vie.
Bref, la qualité de vie est un facteur d’unité ou d’identité territoriale qui est déjà présent et sur lequel nous pouvons nous accorder.
Préservation et amélioration de la qualité de vie
Il entrerait dans la mission du Parc d’œuvrer à ce que nous ne laissions pas gâcher ce que nous avons déjà.
Mais nous ne pouvons nous limiter à la seule préservation.
Qualité de vie et conditions de vie : un territoire « relocalisé »
Ici il convient d’attirer une attention plus particulière sur les facteurs de développement économiques du territoire.
Sur le territoire, la qualité de vie passe aussi, et peut-être surtout, par la possibilité de subsister au moyen de son activité.
On pense naturellement à l’activité agricole pourvoyeuse du contenu de nos assiettes autant qu’elle façonne le paysage.
Mais l’attrait pour le territoire qui n’est pas nécessairement « retour à la terre » doit aussi s’accompagner d’une diversification dans les secteurs industriel et tertiaire.
Les occasions de cette diversification peuvent aussi bien être constituées par l’exploitation raisonnée des ressources naturelles (filière bois), la valorisation des solutions écologiques dans les équipements et l’habitat, ou encore les ressources offertes par les nouvelles technologies de la communication (télétravail).
Les « champs » de diversification à cultiver sont immenses.
Dédier ce territoire à un tourisme vert ou culturel serait à notre sens une petite mort.
De même que l’habitat-dortoir, ou le résidentiel secondaire, ils ne permettent qu’un mode d’appoint variable dans le temps, alors que ce territoire a les atouts pour renouer avec son histoire qui en faisait un lieu d’occupation et d’activité économique important jusqu’à l’exode rural.
Le Livradois-Forez pourrait-être un lieu d’expérimentation privilégié dans la mise en œuvre d’activités économiques répondant aux besoins de développement durable et d’implantation équilibrée :
• capable de promouvoir une reconversion de nos sociétés énergético-dépendantes en « poussant » à la propagation massive des énergies renouvelables ;
• capable de repenser le transport en raccourcissant les circuits de distributions ;
• et capable de soutenir le développement interne du territoire.
Ainsi la qualité de vie est un facteur d’attrait touristique et résidentiel et peut être aussi exprimée par la qualité des produits qui sont élaborés sur le territoire (savoirs faire et qualité du contenu de nos assiettes….), mais elle doit aussi être garantie par la possibilité de travailler, et de bénéficier de services et de consommer à proximité, pour le développement interne du territoire.
Qualité de vie et conditions de vie : le risque d’altérations, la quête d’améliorations.
L’activité humaine nécessaire au développement d’un territoire de ce type est aussi la source de formes multiples d’altérations ou de destructions.
Cette prise de conscience croissante nous engage à rechercher non seulement la préservation mais encore l’amélioration de la qualité de vie et des possibilités de subsistance sur le territoire. C’est la recherche d’un développement durable qui guidera l’action.
• Dans le respect d’intérêts parfois antagonistes,
• Avec la possibilité de demeurer et travailler dans ce cadre,
• Avec le maintien sur le territoire des moyens d’y vivre en garantissant un accès aux services et équipements collectifs.
Quitte à mobiliser des moyens supplémentaires il est souhaitable de miser sur les solutions qui préservent à la fois la possibilité de s’employer sur le territoire en répondant aux aspirations de confort de sa population, dans un souci constant de préservation du milieu que nous partageons avec d’autres êtres vivants.
Illustration
A l’aune de l’homme et de tels critères, l’hôpital d’Ambert ne saurait disparaître.
• Au regard des emplois à maintenir,
• Au nom du service absolument essentiel aux usagers pour qu’ils demeurent sur le territoire
• Sur le plan environnemental car les besoins en transports (ne serait-ce que cela) vont nécessairement s’accroître considérablement.
Une démarche similaire pourrait aussi bien s’appliquer à une réflexion sur la présence de l’école ou de la justice sur le territoire.
Le Parc pourrait en conséquence s’identifier au « Parc de la qualité de la vie » dans le respect de l’environnement qui est une de ses missions naturelle.
L’unité de mesure des actions de préservation et d’amélioration en serait l’homme. Celui à l’aune duquel on mesure la taille et la pertinence des projets ; celui dont l’intérêt objectif est la préservation de son milieu de vie.
Ceci parce qu’il y a un intérêt vital à transmettre ce territoire aux générations suivantes.
Sophie BOISSIERE (alias Diane)
et Pascal BOISSIERE (alias Pascal de Tours)
